CEROU Paul

Paul Cerou_Photo_3

Né le 14 mai 1916 à Cenac (Dordogne)
Demeurant à Saint-Vincent-de-Cosse (Dordogne)
Arrêté le 7 juillet 1944
Fusillé le 1er août 1944 à 28 ans

Paul Cerou est né au foyer de Jean Baptiste Cerou et Justine Labrousse, cultivateurs. Il est bûcheron. Comme son père, il appartient au groupe de l’AS organisé par Michelet, groupe englobant les communes de Castelnaud-Fayrac, Veyrines, Saint-Vincent, Beynac, Vézac et La Roque-Gageac. Selon le rapport établi par Fernand Valette, le groupe « prit une part active à la bataille du 26 juin dans la plaine de Vézac, devant le pont de Castelnaud-Fayrac. Le manque d’armes seul empêcha une meilleure conclusion ». Quelques jours après, Michelet alors qu’il se rendait en mission à Saint-Cyprien, est intercepté. Il ne reviendra jamais de Mauthausen.
Caporal (sergent à titre posthume), Paul était chef du groupe local.
Le 7 juillet, les Allemands se rendent dans un certain nombre de  communes avec des listes. Ils arrêtent trois résistants dont Paul Cerou. Il sera comme ses camarades interné à la caserne Chanzy puis transféré au Fort du Hâ, et amené à Souge.

Ci-dessous, le témoignage de la fille de Paul Cérou  se souvenant de l’arrestation de son père :

Papa a été dénoncé par quelqu’un du Village que tous connaissaient.

Le 7.7.44 les Allemands sont venus pour l’arrêter, ils ont été conduits jusqu’au Village par un gars un peu simplet et qui était employé chez la famille Nicaud. Papa et ses copains ont été avertis avant l’arrivée des camions dans le Village et certains sont partis se cacher dans les bois. Papa ayant Mamie et ses enfants à la maison n’a pas voulu s’enfuir car il savait que les Allemands ne resteraient pas sans rien faire si ils ne l’attrapaient pas. Il est descendu à la cave et à dit à Mamie « Quand ils seront là dis leur que je suis en bas en train de couper du bois »

Les Allemands ont encerclé la maison dans tous les recoins que seul quelqu’un du coin pouvait connaitre. Je me rappelle, j’étais sur la terrasse je tenais mon poupon et Mémé avait mon frère dans les bras. Les Allemands sont rentrés et ont mis les fusils à la taille de Maman pour qu’elle aille chercher Papa à la cave et là ils sont repartis avec lui. Ils ont également arrêté le papa de ma copine Coco, qui s‘appelait Alfred Labrunie et qui a été envoyé à Dachau. Coco sait qu’il est mort là bas et n’en sait pas plus.

Les camions étaient sur la place de l’église, ils avaient arrêté Jeanne Garrigues et l’avaient  chargée sur un camion tant qu’ils n’ont pas eu Papa, ils l’ont relachée quand ils amenèrent Papa et le papa de Coco.

Quelques temps plus tard, Mamie s’est rendue à Bergerac pour obtenir des renseignements et autorisation pour voir Papa, quand elle est arrivée dans une salle elle a reconnu un fils de la famille du dénonciateur en train de sabler le champagne avec les Allemands. Après on ne l’a plus vu : il avait disparu, on ne sait pas où il est parti.

Plus tard, Mamie a voulu dénoncer tout ça mais le Maire a tout fait pour la faire taire, il lui a même trouvé un emploi à la SNCF à Paris pour l’obliger à partir et faire le moins de vagues possibles.

Quant à la lettre* je ne sais rien Mamie ne m‘en a jamais parlé.

 

*: Il s’agit de la dernière lettre que certains fusillés ont été autorisés à rédiger pour dire adieu à leurs proches