On ignore encore à ce jour quelle autorité allemande a décidé de cette fusillade. Les actes de décès établis par la mairie de Martignas sur la foi d’informations téléphonées puis écrites de l’occupant (transmises par les Allemands le 22 août !) portent la date du 29 juillet. Mais l’enquête effectuée après-guerre, ajoutée aux témoignages des survivants du train fantôme et de détenus du Fort du Hâ, montrent que la fusillade se serait plutôt déroulée le 1er août.
Des incertitudes pèsent donc sur la date exacte de cette exécution comme sur les motifs d’un report éventuel. Certains évoquent le refus du chef de peloton d’exécuter la sentence (l’autorité responsable de la décision n’étant pas mentionnée), suivi de l’impossibilité de constituer un second peloton.
Ce ne serait ainsi qu’à la troisième reprise, que les 48 sont exécutés et jetés dans des fosses creusées à l’avance.
Cette exécution massive est décidée dans le plus grand secret contrairement aux autres qui avaient un but dissuasif. Les autorités françaises n’en seront avisées que plus tard.
Par ailleurs, si les listes établies officiellement comportent 48 noms, l’Association du Souvenir n’en honore que 47. En effet l’un des fusillés issu du train fantôme, était un collaborateur notoire, entré en résistance sur le tard. La mention « Mort pour la France » lui a d’ailleurs été refusée à la Libération.
Daniel Dubos, Serge Duhourquet, René Martin, Marc Métairaud ainsi que Robert Barnetche appartiennent au groupe FTPF cantonné à Ychoux (Landes). Selon Jean Manauthon, ex-commandant Auguste, commissaire aux opérations de la région B2 des FTPF, ils partent pour une mission de « sabotage d’un train de munitions, en gare de Caudos, (commune de Mios en Gironde ndlr), le 15 juillet 1944 ».
Le groupe est encerclé par les soldats allemands. Un d’entre eux est tué par
Robert Barnetche, qui tente d’ouvrir une brèche. Il est abattu à son tour. Daniel, Serge, René et Marc sont arrêtés.
Internés au Fort du Hâ, ils sont torturés, mais ne livrent aucun des noms de tous ceux qui ont aidé, hébergé ou ravitaillé les résistants du groupe Manauthon.
Ces quatre jeunes de moins de vingt ans sont tous fusillés le 1er août 1944 à Souge.
Fin mai 1944, arrive à Bordeaux venant du Vercors, un étudiant de vingt trois ans mandaté par les MUR (Mouvements Unis de la Résistance), François Mossé. Il entre entre en contact avec un groupe d’élèves du lycée Montaigne qui ont envie « d’en découdre ». Constitués en maquis à Saucats, dans une ancienne bâtisse isolée au milieu des pins, la ferme de Richemont, les jeunes se préparent et s’entrainent. Ils sont dix huit, disposent de douze mitraillettes et attendent un parachutage pour le 17 juillet.
Le maquis est anéanti le 14 juillet.
Début 1944 la situation de la Résistance en Gironde, particulièrement à Bordeaux, est très confuse. Les suspicions et désaccords dominent. Les différents envoyés de Londres se déchirent, tous se réclamant de la mission de réorganisation et de direction de la Résistance.
Lucien Nouhaux « Marc », en relation avec plusieurs mouvements des MUR, crée le Corps-Franc de Libération Nationale.
Il sera constitué d’équipes, plus ou moins importantes en effectifs, dont seul Marc connaît la répartition géographique (Blayais, Cenon, La Réole, Targon, Bordeaux, Médoc, Charente) et l’importance numérique.
A partir du mois de mars, 90% des sabotages et des attentats réalisés en Gironde sont à l’actif du Corps-Franc Marc.
Alors que le groupe de Targon recherche des terrains de parachutages et des hébergements, concours de circonstance et malchance, conduisent à des premières arrestations.
Suite au « retournement » d’un membre du groupe, un traquenard permet d’autres arrestations. Le 25 juillet, Marc est conduit dans les locaux allemands où après une tentative d’évasion au cours de laquelle il tire sur ses geôliers, il est abattu.
Le 27 juillet les époux Baudon sont « cueillis » à leur domicile où 6 tonnes d’armes sont entreposées. Décapité, décimé, le Corps Franc Marc a vécu.
Parti de Toulouse le 3 juillet 1944 chargé d’environ 650 résistants(e)s français et étrangers venant du camp du Vernet et des prisons de Toulouse, ce train arrivera le 29 août à Dachau où il déposera 473 hommes avant de continuer vers Ravensbrück où 63 femmes descendront le 1er septembre. (cf lien Association du Train fantôme)
Stoppé en gare Saint Jean à Bordeaux, le train sera vidé et les prisonniers acheminés sous escorte, en cortège, jusqu’à la synagogue et la caserne Boudet.
À la fin du mois de juillet, un chef de l’escorte du train assisté d’un interprète pénètre dans la synagogue et lit à haute voix une liste de dix noms (ou douze selon les sources).
Le mystère demeure aussi sur les choix qui ont été faits, pourquoi dix ? Pourquoi ces dix-là ? Certains avancent l’hypothèse d’une volonté des autorités d’occupation acculées, de compléter une liste de condamnés déjà incarcérés au Fort du Hâ pour atteindre un objectif de 50 fusillés.
Les « dix » sont donc conduits au Fort du Hâ pour rejoindre les autres condamnés à mort avant d’être tous amenés au camp de Souge et conduits devant le peloton d’exécution.
D’abord enterrés dans le camp de Souge, plusieurs d’entre eux seront ré-inhumés avec les honneurs dus à leur sacrifice dans leur région d’origine.
Le 9 août, reformé et complété de 126 autres détenus bordelais le train repartira pour encore 20 jours de péripéties et de souffrance pour ses occupants.
À partir de 1943, sous la houlette du SS Hambrecht chef de la police allemande, dont la réputation de cruauté et de sauvagerie se répandit rapidement, les occupants et leurs auxiliaires ont commis jusqu’à leur départ des exactions de toutes natures.
Le maquis FTP Roland, d’abord replié dans le Lot-et-Garonne, répond le 6 juin à la demande du groupe Loiseau (commandant Pinson) de l’Armée secrète (AS) pour combattre la onzième Panzer division. Au Fleix, deux hommes originaires de Mussidan, blessés, sont pris les armes à la main et seront fusillés à Souge.
Le groupe François 1er de l’AS va, de son côté, perdre au cours des combats
de nombreux hommes dont deux, faits prisonniers, sont aussi fusillés à Souge.
De la fin juin à la mi-juillet, la police va continuer d’exploiter les dénonciations et procéder à des arrestations de résistants ou de maquisards, notamment dans la commune de Prigonrieux, proche de Bergerac, où l’activité résistante est très soutenue depuis 1943. Le groupe Loiseau, y est particulièrement implanté.
La commune qui « a payé un lourd tribut de son courage par le nombre de ses morts, des arrestations et des déportations » s’est vue attribuer la Croix de Guerre. Cinq prigontins arrêtés sur dénonciation seront fusillés.
Les six fusillés dits de Vignes-Oudides appartenaient au maquis du Médoc, groupe Jean Dufour, homologué unité combattante de la Résistance rattachée à l’OCM et comprenant aussi quelques FTP.
Le Médoc, stratégiquement, c’est l’entrée du Port de Bordeaux, avec de nombreux bombardements des forces alliées… et des aviateurs anglais et américains « récupérés » et accompagnés vers l’Espagne et Londres.
Fin 1942, l’action commence pour quelques amis. C’est la diffusion, de la presse clandestine (Combat et Libération) et de tracts reprenant des informations venues de Londres, c’est l’accompagnement des jeunes refusant le STO vers d’autres maquis, la recherche de renseignements sur les
troupes ennemies, et des sabotages pour les quelques 100 maquisards.
Le 22 juillet, une opération est confiée au maquis du Médoc : attaquer la poudrerie de Sainte-Hélène et récupérer des armes. C’est un échec. Trois maquisards sont faits prisonniers.
Le 25 juillet 1944, quatre compagnies, épaulées d’un groupe de SS, de la police secrète de campagne, et d’un détachement de miliciens français (l’ensemble a été évalué par la suite à 3000 assaillants), se déploient dans la zone et attaquent le maquis. Onze résistants sont tués, achevés ou fusillés sur place, 6 le seront à Souge d’autres seront déportés.
Pour trois d’entre eux, il est établi des liens avec des mouvements de Résistances. Au moins deux effectuaient une mission spéciale.
Les monuments maintenant situé au bord de la route départementale D4