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À lire dans Textes divers ci-dessous :

  • « Prise à la course »
  • Historique des commémorations

Après guerre, les mouvements de résistance pour être reconnus et honorés ont dû présenter ce que l’on a appelé « un ordre de bataille » décrivant l’historique du mouvement, ses effectifs, ses principales actions.

Un des responsables survivant de chacun de ces mouvements, a été agrée par l’État comme « liquidateur » du groupe.

Ce dernier était qualifié pour fournir à ses membres survivants ou aux ayant droits de ceux qui étaient décédés, des attestations d’appartenance au groupe. Celles-ci précisaient le nom du groupe, la période d’action et éventuellement le grade reconnu. Cette attestation s’avérait nécessaire pour obtenir la mention « Mort pour la France », qui outre l’honneur rendu au fusillé, permettait par exemple à la famille de bénéficier des quelques avantages qui y étaient liés.

Certains fusillés du 24 octobre 1941 et/ou du 21 septembre 1942, communistes en particulier ont été reconnus « Internés politiques ». Il leur a été refusé le titre d’ « Internés résistants » comme si la résistance dans le camp de Mérignac et/ou dans les camps de concentration n’était pas de la « vrai » résistance.

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Attestation concernant Camille Maumey, fusillé le 24 octobre 1941.

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Attestation concernant Pierre Vilain, fusillé le 24 octobre 1941.

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Attestations concernant Laurent, fusillé le 24 octobre 1941, et Thérèse Puyoou, déportée, décédée le 7 avril 1943.

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Attestation concernant Pierre Gemin, fusillé le 13 juillet 1942.

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Attestation concernant Pierre Wiehn, fusillé le 11 janvier 1944.

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Attestation concernant François Abarrategui, fusillé le 26 janvier 1944.

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Attestation concernant Serge Duhourquet, fusillé le 1° août 1944.

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Attestation concernant Denis Garcia, fusillé le 1° août 1944.

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La presse et la propagande clandestines

Les groupes et réseaux de résistance publiaient des journaux et des tracts, distribués clandestinement, pour tenter de contrer la propagande du monde de la collaboration et des nazis. Si 55% des fusillés de Souge étaient communistes, les titres ci-dessous représentent autant la diversité de l’ensemble que celle de Résistance.

Presse-clandestine     Divers titres (archives ASFS)

Huma FNL                Huma FNL_p2

L’Humanité, date inconnue (archives ASFS)

Franc tireur

Le Franc-tireur du Sud-Ouest 1° septembre 1943 (archives ASFS)

tract Nansouty

Tract, septembre 1943 (source ANACR- 300 documents)

tract AIA     tract distribué à l’AIA (Source ANACR-300 documents)

En 1944 et 1945, les journaux rendirent hommage à ceux qui avaient donné leur vie dans la lutte pour la Libération de la France :

Espoir 14 10 44

L’Espoir de Toulouse du 14 octobre 1944 (AD-31)

Patriote 12 10 44

À Toulouse encore, le Patriote du 12 octobre 1944 (AD-31)

La Liberte

À Toulouse aussi, le journal La Liberté (AD-31)

la banque de la frence libre

Hommage à André Baudon dans la Banque de la France libre du 18 février 1945 (Archives Claude Laroche)

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Le Gironde Populaire du 29 octobre 1945 (AM-Bordeaux)

ORIGINES GÉOGRAPHIQUES, MOYENNES D’ÂGE, PROFESSIONS DES FUSILLÉS

Origine géographique par lieu de naissance, sur la base de l’acte de naissance (93%), ou de la fiche de police (7%).  La Gironde représente 36 % des victimes dont 36 vivent à Bordeaux :

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Origine géographique par lieu de naissance

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Sur la base de l’acte de naissance (93 %) ou de la fiche de police (7%)**: 36 % des victimes dont 36 de Bordeaux

Origine géographique par lieu de résidence

residence

Certains fusillés résident dans d’autres régions plus éloignées ou leurs adresses sont inconnues. Mais les chemins de la clandestinité, ou le Train fantôme, les ont tous conduits à Souge
** Moins de 5 fusillés par commune
C’est tout naturellement l’Aquitaine, et plus particulièrement la Gironde (notamment Bordeaux), qui fournit le contingent le plus important de fusillés, qu’ils y résident ou qu’ils y soient nés. D’ailleurs, les fusillés de1941 et 1942 sont essentiellement des « locaux ».
Les migrations interrégionales, intra ou interdépartementales (dont témoignent les différences entre lieux de naissance et de résidence) vers la métropole girondine si elles ont existé de tout temps, tiennent essentiellement, dans ce cas d’espèce ,aux conditions même de la lutte clandestine face à l’occupant nazi.
Ainsi certaines régions prennent une place particulière dans ce martyrologue :

le Poitou-Charentes, du fait de sa proximité certes, mais surtout parce que les compétences territoriales de la police française sur Aquitaine et Charente-Poitou, et le déplacement du Tribunal Militaire allemand de La Rochelle vers Bordeaux, conduisent au transfert des résistants (ferme des « Violettes », mouvement « Honneur et Patrie »…) vers le fort du Hâ de Bordeaux.


la Picardie et le Nord-Pas-de-Calais, sous administration allemande dès 1940,la Bretagne, « nordistes » ou « bretons » cherchant à traverser la ligne de démarcation, si ce n’est franchir les Pyrénées, chemin vers l’Angleterre


l’Île-de-France, d’où sont issus nombre de responsables et cadres FTP venus réorganiser la Résistance à Bordeaux après trahisons et arrestations


Midi-Pyrénées, d’où est parti le « Train fantôme ».

À noter également, l’importante proportion d’ « étrangers, et nos frères pourtant » (selon les mots d’Aragon), même si certains d’entre eux avaient pu prendre la nationalité française, qui sont morts à Souge pour avoir combattu le nazisme et travaillé à la libération de notre pays.

L’âge des fusillés : nombre de fusillés par tranche d’âge

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Moyenne d’âge par année de fusillade
1941 : 35 ans.
1942 :34 ans.
1944 :30 ans.
35 ans pour les 21 du mouvement « Honneur et Patrie »
30 ans pour les 18 du « groupe FTP Bourgois »
28 ans pour « les 47 du 1er août 1944 ».
Les fusillés sont majoritairement des jeunes gens : la moyenne d’âge est de 33 ans et près des 2/3 d’entre eux ont moins de 35 ans. Le plus jeune avait 16 ans, le plus âgé 69 ans.
Les fusillés de 1941 ont une moyenne d’âge (35 ans), plus élevée que ceux de 1942 (34 ans) et ceux de 1944 (30 ans). Cela rend bien compte de la réalité sociologique et historique de la Résistance.
En effet les fusillés de 1941 sont essentiellement des résistants déjà aguerris par le militantisme syndical ou politique. La réquisition forcée des ouvriers en 1942 et surtout l’instauration du STO en 1943 vont conduire beaucoup de jeunes réfractaires à rejoindre la Résistance. Et la perspective d’une Libération prochaine amplifie encore l’engagement.
On voit ainsi en 1944, que les fusillés du mouvement « Honneur et Patrie », constitué dès 1942, ont une moyenne d’âge de 35 ans, alors qu’il est de 30 ans pour le « groupe FTP Bourgois » mis en place en 1943 (voir d’ailleurs l’évolution des effectifs de ce groupe durant l’année), et de 28 ans pour les 47 fusillés du 1er août 1944, issus principalement de divers maquis.

Professions des fusillés :

Professions-Fusilles

Ces données confirment l’engagement fort des ouvriers dans la Résistance.

« Prise à la course »

Dans son livre signalé dans notre bibliographie, Charlotte Delbo (Le convoi du 24 janvier, Éditions de Minuit, 1966) apporte les explications :

« … Après l’appel du matin, qui avait duré comme tous les jours de 4 heures à 8 heures, les SS ont fait sortir en colonnes toutes les détenues, dix mille femmes , déjà transies par l’immobilité de l’appel. Il faisait -18. Un thermomètre, à l’entrée du camp, permettait de lire la température, au passage.

Femmes AuschwitzRangées en carrés, dans un champ situé de l’autre côté de la route, face à l’entrée du camp, les femmes sont restées debout immobiles jusqu’à la tombée du jour, sans recevoir ni boisson ni nourriture. Les SS, postés derrière des mitrailleuses, gardaient les bords du champ. Le commandant, Hoess, est venu à cheval faire le tour des carrés, vérifier leur alignement et, dès qu’il a surgi, tous les SS ont hurlé des ordres, incompréhensibles. Des femmes tombaient dans la neige et mouraient. Les autres, qui tapaient des pieds, se frottaient réciproquement le dos, battaient des bras pour ne pas geler, regardaient passer les camions chargés de cadavres et de vivantes qui sortaient du camp, où l’on vidait le Block 25, pour porter leur chargement au crématoire.
Vers 5 heures du soir, coup de sifflet. Ordre de rentrer. Les rangs se sont reformés sur cinq. « En arrivant à la porte, il faudra courir. » L’ordre se transmettait des premiers rangs.
Oui, II fallait courir. De chaque côté de la Lagerstrasse, en haie serrée, se tenaient tous les SS mâles et femelles, toutes les kapos, toutes les polizeis, tout ce qui portait brassard de grade. Armés de bâtons, de lanières, de cannes, de ceinturons, ils battaient toutes les femmes au passage. Il fallait courir jusqu’au bout du camp. Engourdies par le froid, titubantes de fatigue, il fallait courir sous les coups. Celles qui ne couraient pas assez vite, qui trébuchaient, qui tombaient, étaient tirées hors du rang, saisies au col par la poignée recourbée d’une canne, jetées de côté.
Quand la course a été finie, c’est-à-dire quand toutes les détenues sont entrées dans les Blocks, celles qui avaient été tirées de côté ont été emmenées au Block 25. Quatorze des nôtres ont été prises ce jour-là … »

Noémie Durand, Aminthe Guillon, Pauline Pomiès, "prises à la course"

Historique des commémorations

Extrait d’une communication de Jean Cavignac, conservateur des Archives départementales de la Gironde, présentée lors d’un colloque du CNRS, organisé à l’occasion des 40 ans des commémorations de la seconde guerre mondiale.
« …Dès le 21 septembre 1944, une cérémonie a lieu au mémorial Saint-Bruno, avec des « délégations de toutes les Résistances ». Le 28, la Gironde Populaire, organe quotidien de la Région bordelaise du PCF, commence, sous le titre « Le charnier de Souge-Nos fusillés », une série de biographies des victimes. Le dimanche 22 octobre, le Comité provisoire de l’Union Départementale de la CGT organise une cérémonie à la Bourse du Travail et au mémorial Saint-Bruno. En 1945, l’Amicale des familles de fusillés et l’Amicale des amis des fusillés organise le 8  avril les obsèques de 23 des 38 fusillés de la commune de Bègles. Les otages de Souge font encore l’objet d’un hommage lors du premier anniversaire de la Libération de Bordeaux.
Si le souvenir du 21 septembre 1942 n’est célébré que par un article de la Gironde Populaire (n° 319, 21/9/45), celui du 24 octobre 1941 est marqué par des cérémonies grandioses : le samedi 27 et le dimanche 28, un cénotaphe est dressé devant le Grand-Théâtre : le premier jour les personnalités officielles s’y recueillent ; le deuxième jour, des délégations en partent pour se rendre au mémorial Saint-Bruno, accompagnées d’une foule estimée à 7 000 personnes (la Gironde Populaire, n° 351, 29/10/45).
En 1946, le groupe communiste du conseil municipal de Bordeaux demande l’érection d’un monument sur les allées de Tourny, au cœur de la ville, mais on se contentera de célébrer les anniversaires des 21 septembre et 24 octobre.
En 1947, l’anniversaire du 21 septembre n’est célébré que par l’inauguration d’une stèle aux Ateliers Industriels de l’Aéronautique (AIA), « à la mémoire des ouvriers victimes de la barbarie nazie ».
En 1949, où apparaît le Comité du Souvenir des fusillés de Souge, le 21 septembre est célébré à Souge, mais la seule personnalité officielle est le Maire de Martignas ; le général commandant la région et le préfet ne sont plus représentés. Par contre, le premier l’est aux cérémonies du 23 octobre, et les Nouvelles peuvent encore titrer : « Les cérémonies de Souge et de Bordeaux se sont déroulées sous le signe de l’union des patriotes pour la paix » (n° 287 du 24/10/1949). En réalité l’union est déjà rompue.
Cela se voit en 1950, où le 21 septembre n’est célébré que dans les entreprises et à la Bourse du Travail, et où la cérémonie de Souge, le 22 octobre ne compte plus comme personnalité officielle que le colonel commandant le camp (le pasteur Schyns représente la FNDIRP) ; le général commandant la région a interdit que les drapeaux des associations apparaissent.
Ainsi, avec la guerre froide, on assiste peu à peu à la rupture de l’unanimité originelle dans les cérémonies en l’honneur des fusillés de Souge ; celles-ci apparaissent de plus en plus comme la commémoration de gauche et plus particulièrement du parti communiste. La rupture est très sensible lors des 10° anniversaires des fusillades en 1951 et 1952. Les thèmes évoqués (le réarmement allemand, la réapparition de « traîtres » dans le gouvernement Pinay) valent aux organisateurs une « note d’information » des Renseignements généraux.
En 1953 et 1954, les cérémonies de Souge sont également des manifestations d’opposition à la politique du gouvernement, le pèlerinage du 23 octobre, sous la présidence de Marie-Claude Vaillant-Couturier, vice présidente de la FNDIRP, se déroule sous le thème : « Pas d’armes aux bourreaux de Souge et Châteaubriant ».

1955 marque le début de l’unification des deux pèlerinage à Souge : le 21 septembre n’est plus célébré qu’à la Bourse du Travail ; le 24 octobre fait l’objet d’une double cérémonie : le 20 à la Bourse et le 24 à Souge, sous la présidence de Pierre Villon, député du PCF et président de l’ANACR et d’un membre du bureau de la FNDIRP.
De 1956 à 1958, Les Nouvelles disparaissent en tant que quotidien ; aussi les renseignements sur le pèlerinage sont-ils moins nombreux pour cette période. Peut-être est-ce lié à nos sources, mais on a l’impression que de 1959 à 1972, l’évolution du pèlerinage se fait sous trois aspects : un certain essoufflement, l’accentuation du caractère « commémoration de gauche », et la fixation définitive des dates et lieux des cérémonies.
En 1973, au contraire, on assiste à un certain renouveau et à une ouverture qui se poursuit jusqu’en 1976. Ainsi en 1973, les orateurs, au côté de Georges Durou, ancien déporté, sont Michel Sainte-Marie, député socialiste de la circonscription, et P. Feigelson, secrétaire du Comité pour la recherche des criminels de guerre ; le préfet d’Aquitaine et le Maire de Bordeaux se sont fait représenter.
En 1974, on note la présence du conservateur du Centre Jean Moulin, d’un maire socialiste et d’un maire gaulliste, du commandant de gendarmerie et du secrétaire de l’Office des combattants qui représente le préfet… »