ROCHEMONT Louis

Rochemont

Né le 29 mars 1904 à Port-au-Prince (Haïti)
Demeure 85 rue Durcy à Bègles (Gironde)
Arrêté le 10 décembre 1940
Fusillé le 24 octobre 1941 à 37 ans

Gustave Louis, Loulou pour ses camarades, d’origine haïtienne (son père était navigateur), reçoit chez les Jésuites une solide instruction.
Il est électricien lorsqu’en 1931 il entre à la CENPA de Bègles. Il y sera trésorier de la CGTU. Loulou est également diffuseur et probablement rédacteur du journal de la cellule communiste « Le cri de la CENPA ». Le dimanche, avec son camarade Bouquini, chacun diffuse dans Bègles ses 50 exemplaires de l’Humanité. Ce qui le fait connaître du commissariat de police.
Les distributions de tracts dans Bègles continuant en dépit de la rafle du 22 novembre, Loulou est à son tour arrêté le 14 décembre par les gendarmes Tourailly et Favereau.
Premier interrogatoire le 19 décembre par l’inspecteur Chabreyrie qui, le 8 février, auditionne la hiérarchie de la CENPA. Compte-rendu édifiant. Le directeur Marcel Soum accable Rochemont qui « professait des opinions nettement communistes… À mon avis Rochemont peut être considéré comme un élément fauteur de troubles (…). J’ajoute qu’à aucun prix je ne reprendrai dans mon usine le nommé Rochemont en raison de ses opinions politiques ». Herman, chef du service électricité, confirme : « À mon avis, Rochemont doit être considéré comme dangereux et susceptible de reprendre son activité en des temps plus favorables ». De même que Petit, surveillant général : « A mon point de vue, Rochemont doit être considéré comme dangereux et susceptible de reprendre son activité dès que les événements le permettront ». On notera l’identité complaisante des propos peut-être soufflés par l’inspecteur.
Le préfet avait prévenu la Feldkommandantur, le 28 février : « Sa tranquillité actuelle n’est qu’une apparence trompeuse derrière laquelle se cache un militant convaincu et compétent ». Il se livrerait au Centre de séjour à une « propagande révolutionnaire ».
Sa femme tenait un bar dénommé chez Loulou. Mais les clients sont rares en cette période d’occupation, les factures impayées s’accumulent, et c’est la saisie du mobilier. Le Préfet restera sourd à ses suppliques de libérer son mari ; avec un père de 85 ans à charge, elle devra vivre avec 4 francs par jour.

Louis Rochemond   À Bègles, la rue Louis ROCHEMONT